Réflexions – Apprendre dans Assassin’s Creed Odyssey

Ce billet est une adaptation d’un thread Twitter publié ici : https://twitter.com/RomainHG/status/1294687366070796288

Après avoir lu un article très intéressant (comme souvent sur @antiquipop), d’Alexander Vandewall, je vais m’arrêter quelques instants sur la question des apprentissages dans Assassin’s Creed Odyssey ⤵️

Du ludique à la lecture

Ce passage est intéressant car il englobe différents types d’accès et de diffusions des connaissances historiques dans le jeu

Des jeux comme Assassin’s Creed Odyssey peuvent également être d’une grande valeur dans l’éducation aux classiques [le mode Discovery Tour n’était pas encore disponible au moment de l’écriture de cet article]. Le jeu informe les élèves sur la géographie de la Grèce (dans une version simplifiée), sur la mythologie classique (présente dans le jeu dans une certaine mesure, aussi ahistorique soit-elle) ou sur les coutumes anciennes. En jouant, le joueur peut apprendre ce qu’impliquait la cryptie spartiate ou ce qu’était le pancrace. Les écrans de chargement fournissent en outre des informations succinctes sur le monde classique et le jeu informe toujours le joueur lorsqu’il a atteint un lieu historique comme la terrasse des lions à Délos, mentionnée plus haut.

Source: https://antiquipop.hypotheses.org/8994

On peut en effet supposer que la pratique du jeu permet de mieux appréhender l’espace de la Grèce Antique (exemple: « Athènes est au Nord de Spartes. ») Cependant, c’est surement plus chronophage qu’une simple énonciation de ce fait géographique.

De plus, Assassin’s Creed est souvent vécu à travers le GPS du jeu, l’espace se transforme ainsi parfois en couloir. En entretien, on remarque que les joueurs retiennent surtout la toponymie plutôt que des répères géographiques clairs.

Assassin’s Creed intègre (enfin) des créatures mythologiques comme boss de fin de quêtes. On peut supposer que l’affrontement soit un évènement marquant pour le joueur, conduisant à une mémorisation. Il reste à voir comment le mythe est raconté et comment il est rattaché à la réalité matérielle du jeu.

La cryptie spartiate est peut être racontée à travers des dialogues/scènes cinématiques, je n’ai pas vu de gameplay ci référant. Cela me fait penser aux rôles des PNJ (Personnages non-joueurs) comme conteurs. Dans l’image ci-dessous, Barnabas explique ce qu’est un kotinos. L’explication est intégrée à la diégèse dans la mesure où elle nous est racontée par un personnage du jeu, au lieu d’être balancée, via une fiche pédagogique dans le menu Pause que peu de joueurs liront.

Le pancrace est mis en jeu lors d’une quête, ce qui est plutôt pertinent. D’ailleurs, le Discovery Tour ne permet pas de « jouer » les Jeux Olympiques et c’est un vraiment regretable. Attention cependant: si le terme « pancrace » est indiqué en haut à gauche dans le HUD, le joueur fait plutôt du pugilat comme l’explique @pierrealchaize:

On change de type d’apprentissages, en sortant de l’activité ludique:
Les (longs) écrans de chargement mélangent anecdotes et faits historiques avec des astuces de jeu. On peut cependant supposer qu’ils sont rapidement ignorés/éludés par le joueur au fil de l’expérience de jeu.

Le jeu informe le joueur de la toponymie en plaquant un texte lors de son arrivée sur un nouveau lieu. Des lieux à découvrir qui sont surement trop nombreux pour tous être mémorisés.

Les nombreux personnages historiques dans le jeu sont également intéressants. Se poser la question de la représentation d’un personnage, c’est renverser le raisonnement: ce n’est pas jouer pour apprendre mais utiliser ses connaissances pour analyser une fiction.

Les différentes possibilités d’apprentissages dans Assassin’s Creed Odyssey montrent une dépendance à la lecture de textes.

Conclusions

Pour conclure, entre ses innombrables lieux et personnages historiques, son expérience de jeu de plusieurs dizaines d’heures, son gameplay action/aventure n’ayant aucun rapport avec l’apprentissage, Assassin’s Creed Odyssey n’est-il pas trop gigantesque pour espérer y voir des apprentissages avérés?

Pour conclure², rappelons que, si on voit Assassin’s Creed comme un dispositif d’apprentissages, le premier savoir que l’on tirera de l’expérience de jeu sera que toute Histoire est forcément le fruit d’un complot… 🙃

Originally tweeted by Romain Vincent (@RomainHG) on 15 August 2020.

Pour compléter :

Play-Conférence BNF sur Assassin’s Creed Odyssey