Compte-rendu en vidéo d’un article de Thomas Facchini que vous pouvez lire intégralement ici: https://journals.openedition.org/amnis/2870
Le jeu étudié est Company of Heroes 2.
Pour les prochains lives: https://www.twitch.tv/romainvincentJVH
Les commentaires de Luiggi Lima-Goff sur YouTube :
Le choix moral d’exécuter ou non des prisonniers de guerre dans World at War est bien plus vicieux que ne le laisse sous-entendre l’article : il n’est pas question de les tuer ou de leur chiffer la paix. Le jeu veut nous impliquer et faire en sorte que, quelque soit notre choix, on ait du sang sur les mains. Parce que l’alternative à les tuer nous-même d’une balle, c’est les laisser se faire carboniser au lance-flamme… Je laisse chacun juge, mais j’ai l’impression que c’est faire preuve de clémence que de s’en occuper nous-même…
Je trouve l’article relativement confus par moment : il explique que ce ne sont pas tant les soldats qui se replient qui sont abattus mais les « traitres et les lâches », tout en admettant que l’application des ces ordres varie selon le lieu du front et l’officier en charge, et que les déserteurs ont bien été exécutés. Faut avoir les chicots solidement attachés pour assurer que dans un tel contexte, il est fait une distinction claire entre « soldats se replient » d’un côté, et « lâches » ou « déserteurs » de l’autre, non ?
En tant que joueur de Company of Heroes, j’avais été assez déçu de la campagne du 2, jusqu’à arrêter d’y jouer assez rapidement en fait. Le 1er racontait la progression des forces alliées dans une France encore occupée, mentionnant quelques personnages récurrents de manière à impliquer émotionnellement le joueur, à donner une dimension humaine aux évènements, un enjeu. Pareil, une fois qu’on passe du côté allemand, où on nous raconte la vie de deux frères qui savent la défaite proche, tout en esquivant habillement les questions d’ordre politique. Alors on pourra reprocher au jeu sa frilosité sur la question des crimes de guerre, et s’interroger quant à savoir si « mentionner les nazis » va toujours de paire avec « condamner le nazisme », mais à mon sens le jeu de stratégie (et à plus forte raison quand il ne parle que de tactique) n’est pas le format idéal pour aborder le sujet : il s’agit d’organiser l’affrontement entre deux armées, rien d’autre. Je ne suis pas contre un carton de contexte en fin de jeu réexpliquant les horreurs perpétrées par le régime, ni même un wiki consultable dans les menus, mais il me semble que lorsque l’on n’achète ce genre de jeu, c’est avant tout pour le défit tactique, pas pour l’exercice mémoriel. Et c’est ce qui m’a dérangé dans le 2 où le pathos semble forcé. J’ignore si c’est simplement une question de dosage ou si c’est moi qui, n’ayant pas été préparé à ce changement de ton entre les deux opus, n’ai pas été en mesure d’apprécier la proposition. Mais il me semble que d’autres formats, comme ceux proposés par My Memory of us, This War of mine, ou même Papers Please se prêtent plus au questionnement grâce à leur rythme, leur ambiance, leur gameplay. Un jeu de stratégie à plus large échelle, comme un Civilization ou un Total War, pourrait peut-être, par le biais des modalités d’occupation d’une ville récemment capturée, se permettre de questionner l’éthique d’un régime. Mais la démarche me parait plus bancale sur un CoH, et ce indépendamment de la politique russe actuelle sur sa gestion de la Mémoire. Car si la Russie fait bel et bien preuve de mauvaise foi lorsqu’il s’agit de son roman national (comme tout le monde), Company of Heroes 2 n’en reste pas moins un brulot à charge, sans nuance.